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Sónar 2025 fait face à des critiques en raison de ses liens avec le fonds d'investissement pro-israélien KKR

Le festival sous le feu des critiques : les artistes se retirent et les appels au boycott se multiplient, suite aux allégations de complicité dans la crise de Gaza

🗞️ Publié le: 7 June 2025 · Mis à jour: 7 June 2025

Le prochain festival Sónar 2025, qui se tiendra du 12 au 14 juin à la Fira de Barcelone, est au cœur d'une controverse en raison de son association indirecte avec le fonds d'investissement KKR. Accusé d'investir dans des entreprises israéliennes liées aux technologies de surveillance et aux équipements militaires utilisés à Gaza, le fonds a suscité de nombreuses critiques et entraîné une vague de retraits d'artistes et d'appels au boycott.

Vague croissante d'annulations
Ces dernières semaines, plus de 50 artistes et collectifs ont annoncé leur retrait de l'édition 2025 du Sónar. Parmi les personnes ayant annulé, on compte des noms célèbres comme Julianna Huxtable, Animistic Beliefs, ABADIR et DJ Emma, ​​ainsi que des institutions culturelles comme l'Universitat Pompeu Fabra, qui avait prévu des collaborations lors de l'événement parallèle Sónar+D.

Ces annulations font suite à une lettre ouverte signée par plus de 140 artistes exhortant le festival à se pencher sur sa structure de propriété et sa complicité présumée dans des actions contre les Palestiniens. Les organisateurs de la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d'Israël (PACBI) ont officiellement appelé au boycott du festival, l'accusant de ne pas respecter les exigences éthiques malgré ses déclarations publiques condamnant le génocide à Gaza.

Le festival réagit, mais les critiques persistent
En réponse à la pression croissante, Sónar a publié un communiqué réaffirmant son indépendance vis-à-vis de KKR et affirmant que « pas un seul euro » provenant des ventes de billets ou des bénéfices ne servirait à financer des activités liées à Gaza. Selon le festival, tous les revenus sont réinvestis dans les éditions futures, tandis que les décisions opérationnelles restent totalement indépendantes des investissements de KKR.

Le communiqué a également souligné l'engagement de Sónar en faveur des droits humains, affirmant : « Nous condamnons sans équivoque le génocide commis contre le peuple palestinien.» Malgré ces assurances, les critiques affirment que le festival n'est pas allé assez loin dans la réponse aux préoccupations concernant ses liens indirects avec KKR. PACBI a critiqué la réponse, la jugeant insuffisante, soulignant que Sónar n'avait pas abandonné ses partenariats avec des marques identifiées comme cibles prioritaires du BDS, notamment Coca-Cola et McDonald's McFlurry.

La pression politique s'intensifie
La réaction négative s'étend au-delà de la communauté artistique. Des groupes politiques locaux, dont des représentants de l'ERC à Barcelone et à L'Hospitalet, ont exhorté les autorités municipales à ne pas fournir de représentation institutionnelle à Sónar. Rosa Suriñach, conseillère municipale de l'ERC, a déclaré : « Le lien entre KKR et des festivals comme Sónar ou Brunch Electronik est incompatible avec l'engagement de la ville en faveur des droits humains.»

De plus, la controverse a accentué la tension entre Sónar et les autres parties prenantes. Plusieurs vendeurs de nourriture et exposants ont retiré leur participation, compliquant encore davantage les préparatifs de l'événement.

Mesures prises par les organisateurs
Pour atténuer la crise, Sónar a mis en œuvre des mesures visant à favoriser le dialogue et à répondre aux préoccupations éthiques. Parmi celles-ci :

Autoriser les participants à afficher des symboles de soutien à la Palestine dans les limites légales.
Création d'un espace dédié, Stage+D, pour des discussions sur des sujets tels que le rôle de la culture dans les conflits mondiaux, les modèles de financement éthiques et les pratiques durables.
Exploration de partenariats avec des ONG œuvrant pour l'aide à la population de Gaza, bien qu'aucune organisation spécifique n'ait encore été confirmée.
Par ailleurs, le festival a mis en place une procédure de remboursement des billets pour les personnes refusant d'assister au festival pour des raisons éthiques.

Un débat plus large sur la culture et le capital
La controverse autour de Sónar met en lumière des tensions plus larges au sein des secteurs de la musique et de la culture concernant l'influence des sociétés de capital-investissement. Les critiques soutiennent que les festivals doivent adopter des règles éthiques plus strictes lors de la sélection de leurs sponsors et partenaires. Parallèlement, les partisans de Sónar affirment que le festival fonctionne indépendamment des investissements plus larges de KKR et continue de défendre les valeurs d'innovation, d'inclusion et de responsabilité sociale.

Alors que les débats font rage, une chose est sûre : l'intersection entre art, activisme et finance reste un champ de bataille controversé. Pour l'instant, Sónar doit relever le défi de rétablir la confiance entre les artistes, le public et les militants, tout en naviguant dans les complexités d'un monde de plus en plus polarisé.

Il reste à voir si le festival parviendra à sortir indemne de cette tempête et quelles leçons il pourra apporter au secteur culturel dans son ensemble.

Plus de 50 artistes ont annulé leur participation au Sónar 2025, invoquant les liens indirects du festival avec la société d'investissement KKR, qui a été liée aux industries technologiques et de défense israéliennes.