David Johansen, le leader électrisant et flamboyant des légendaires New York Dolls, est décédé à l’âge de 75 ans. Johansen, qui avait révélé en janvier qu’il luttait contre un cancer de stade 4, est décédé paisiblement à son domicile de New York le 1er mars, entouré de sa femme, Mara Hennessey, et de sa belle-fille, Leah.
Véritable pionnier du punk et du glam rock, l’influence de Johansen s’est étendue bien au-delà de ses années avec les New York Dolls. Sa voix rocailleuse distinctive et sa présence théâtrale sur scène ont jeté les bases d’innombrables groupes de rock et de punk qui ont suivi. Depuis ses jours à la tête de l’un des groupes les plus controversés et les plus avant-gardistes du début des années 1970 jusqu’à sa réinvention inattendue en tant que Buster Poindexter en smoking dans les années 1980, Johansen est resté un artiste en constante évolution.
The New York Dolls : Glam and Chaos
Né à Staten Island en 1950, Johansen est attiré par l’énergie sauvage et indomptée du rock & roll dès son plus jeune âge. En 1971, il s’associe à Johnny Thunders, Sylvain Sylvain, Arthur Kane et Billy Murcia pour former les New York Dolls, un groupe qui allait bouleverser les conventions du rock. Leur style qui ne respecte pas les codes du genre (talons, maquillage et cheveux crêpés) ainsi que leur son brut et explosif les distinguent des groupes de rock raffinés de l’époque.
Bien que les Dolls n’aient jamais connu de succès commercial, leur influence sur le punk a été incommensurable. Leur premier album éponyme (1973), produit par Todd Rundgren, reste une œuvre phare, avec les titres phares Personality Crisis et Looking for a Kiss. Un an plus tard, ils sortent Too Much Too Soon, un album qui, malgré son génie, a eu du mal à se faire connaître du grand public. En 1975, en raison de conflits internes et de problèmes de toxicomanie parmi les membres, le groupe se dissout, bien que son héritage ne fasse que commencer.
Réinvention et succès en solo
Après la séparation des Dolls, Johansen se lance dans une carrière solo qui met encore plus en valeur sa polyvalence en tant qu'auteur-compositeur et interprète. Son premier album éponyme en 1978 s'appuie sur des influences rock et blues classiques, et bien que ses efforts en solo rencontrent un certain succès, c'est sa transformation suivante qui surprendra vraiment le monde.
Au milieu des années 1980, Johansen adopte le personnage de Buster Poindexter, un chanteur de salon sophistiqué avec une banane, un smoking et un amour pour le rythme et le blues vintage. Sous cette nouvelle identité, il obtient son premier grand succès avec Hot Hot Hot, un hymne festif imprégné de calypso qui devient un incontournable des fêtes mondiales. Son personnage de Poindexter lui a également valu plusieurs apparitions à la télévision et au cinéma, notamment un rôle mémorable dans le rôle du fantôme farceur de Noël passé dans Scrooged (1988), aux côtés de Bill Murray.
Le retour des Dolls
Malgré son succès en solo, l’esprit des New York Dolls n’a jamais vraiment disparu. En 2004, l’ancien leader des Smiths et fan de toujours Morrissey a orchestré une réunion pour le Meltdown Festival de Londres, réunissant Johansen, Sylvain Sylvain et Arthur Kane sur scène. Malheureusement, Kane est décédé peu de temps après la performance, mais l’élan était indéniable. Johansen et Sylvain ont continué, en sortant trois autres albums des Dolls : One Day It Will Please Us to Remember Even This (2006), Cause I Sez So (2009) et Dancing Backward in High Heels (2011).
Un héritage aux multiples facettes
Les talents de Johansen s’étendaient au-delà de la musique. C'était un acteur doué, qui a joué dans des films comme Married to the Mob (1988) et Let It Ride (1989), et plus tard, il a animé The Mansion of Fun, une émission de radio hebdomadaire sur SiriusXM célébrant son amour pour la musique éclectique et obscure. Sa passion pour le mélange de l'histoire de la musique et de la narration a fait de lui une figure vénérée parmi les artistes et les fans.
En 2023, Martin Scorsese et David Tedeschi ont co-réalisé Personality Crisis: One Night Only, un documentaire qui a offert un regard intime sur la vie et la carrière de Johansen, consolidant son statut de véritable légende du rock and roll.
Une vie d'expression sans complexe
Tout au long de sa carrière, Johansen est resté un artiste qui a défié les attentes. Qu'il s'agisse de grogner sur des hymnes punk avec les New York Dolls, de chanter des standards de jazz et de blues sous le nom de Buster Poindexter ou d'animer des segments radio approfondis sur des joyaux musicaux oubliés, il a vécu une vie de créativité sans peur. Son style flamboyant et sa personnalité hors du commun ont fait de lui un héros pour les marginaux, les rebelles et les fans de rock de toutes les générations.
Sa femme Mara Hennessey et sa belle-fille Leah ont confirmé qu'il est décédé dans un environnement paisible, entouré de musique et d'amour. Bien que sa présence physique ait disparu, son impact sur la musique, la mode et la culture punk perdurera à jamais. Des clubs underground aux plus grandes scènes, de la rébellion punk tapageuse au chant jazz élégant, David Johansen était un véritable original, que le monde n'oubliera jamais.
La présence hors du commun de Johansen a contribué à définir les débuts du punk, de l’énergie tapageuse des New York Dolls à son alter ego suave Buster Poindexter. Son impact sur la musique, le cinéma et la culture se fera sentir pendant des générations.